Cette exposition exceptionnelle au Cabaret Voltaire fait dialoguer l'univers encore largement méconnu d'Emma Jung (1882-1955) avec celui de l'artiste contemporaine Rebecca Ackroyd.

Cette exposition exceptionnelle au Cabaret Voltaire met en dialogue l'univers largement inconnu d'Emma Jung (1882-1955) avec celui de l'artiste contemporaine Rebecca Ackroyd (*1987). Pour la première fois, les notes d'Emma Jung issues de sa pratique analytique, y compris des dessins, des peintures, des poèmes et des notes, sont présentées au public. Emma Jung, une analyste compétente ainsi qu'une proche interlocutrice et collaboratrice de son mari C.G. Jung, a fortement marqué l'étude de la psyché humaine - même si elle a travaillé dans l'ombre du célèbre psychiatre suisse. Ses travaux se consacrent en particulier au concept d'individuation, c'est-à-dire au processus par lequel une personne se reconnaît et se développe en tant qu'individu autonome. La dynamique de l'animus et de l'anima, la symbolique de la légende du Graal en tant que symbole du voyage spirituel intérieur et de l'aspiration à la globalité jouent un rôle central dans ce processus. Par la suite, les dualités telles que la culture et la nature, le bien et le mal ou les identités sexuelles se dissolvent.

Dans l'œuvre de Rebecca Ackroyd, on trouve de nombreux parallèles avec Emma Jung. Ses dessins donnent également une forme à l'inconscient et reflètent la dimension psychologique et spirituelle de l'art ainsi que les processus de "devenir monde". Les installations d'Ackroyd sont souvent oniriques et montrent la fragmentation de la mémoire et du temps. Grâce à un langage visuel varié, qui comprend des peintures grand format, des dessins, des sculptures et des objets, le désir et le dégoût, les désirs et les peurs, le familier et l'inquiétant se fondent en un tout fascinant. Pour sa première exposition en Suisse, Rebecca Ackroyd développe une nouvelle série de dessins et de sculptures conçus comme des expressions intimes d'ordres symboliques. Les dessins, volontairement de petite taille, invitent à une rencontre plus intense avec le monde intérieur de la création.

L'exposition au Cabaret Voltaire - lieu de naissance de Dada - s'inspire d'une piste historique : les liens entre Emma Jung, la psychologie analytique et le mouvement artistique Dada. En 1916, Emma Jung, alors première présidente du Club de psychologie, a participé à au moins une soirée Dada. Cette année-là, elle a créé des métamorphoses visuelles impressionnantes qui traitent des processus d'individuation. Des artistes* comme Sophie Taeuber-Arp et Hans Arp ont repris les approches jungiennes, par exemple dans leur recherche de typologies et de formes universelles. L'idée analytique de l'individuation peut être comparée à la rupture dadaïste des conventions. Les psychologues analytiques, quant à eux, explorent les effets thérapeutiques des mandalas abstraits. Tant Dada que la psychologie analytique se sont consacrés de manière intensive à l'inconscient. À l'aide des théories de la psychologie analytique, les dadaïstes se sont penchés sur les bouleversements sociaux du début du 20e siècle, comme la mécanisation de la vie et les traumatismes de la Première Guerre mondiale. Richard Huelsenbeck a plus tard remarqué une qualité thérapeutique dans les œuvres de nombreux dadaïstes.

Emma Jung, née Emma Maria Rauschenbach le 30 mars 1882 à Schaffhouse, était une analyste et auteure suisse. Elle s'est fait connaître en tant qu'épouse et proche collaboratrice du psychiatre Carl Gustav Jung, mais ses propres contributions à la psychologie analytique méritent également d'être prises en considération. Emma Jung était issue d'une famille d'industriels riche et influente. Grâce à son milieu privilégié, elle reçut une excellente éducation qui éveilla son intérêt pour la littérature, la philosophie et la psychologie. En 1903, elle a épousé Carl Gustav Jung, avec qui elle a eu cinq enfants. Non seulement elle fut profondément impliquée dans le travail de son mari, mais elle devint également une analyste indépendante au fil des années. Ses recherches sur le symbolisme du Graal, publiées à titre posthume en 1960, et ses études sur la dynamique des concepts d'animus et d'anima sont particulièrement remarquables.

Rebecca Ackroyd, née en 1987 à Cheltenham, Grande-Bretagne, vit et travaille à Berlin et à Londres. Elle a obtenu son diplôme de troisième cycle en beaux-arts à la Royal Academy of Arts de Londres et son BA à la Byam Shaw School of Art de Londres. Ses expositions individuelles récentes comprennent Mirror Stage à la Biennale de Venise (2024), organisée par la Kestner Gesellschaft, Hanovre ; Period Drama à la Kestner Gesellschaft, Hanovre (2023-2024) ; et Shutter Speed au Musée d'Art Contemporain, Lyon (2023-2024). Ses œuvres ont également fait partie de nombreuses expositions collectives, dont Antéfutur au Musée d'Art Contemporain, Bordeaux (2023) ; Dark Light : Realism in the Age of Post-Truth à l'Aïshti Foundation, Beyrouth (2022) ; Masters and Servants à la Ygrec Gallery, École Nationale Supérieure d'Arts de Paris Cergy, Paris (2022) ; corpus murmur à Peles Empire, Berlin (2022) ; Act 1 : Body en Thrall à la Rugby Art Gallery and Museum, Royaume-Uni (2022) ; ainsi que Singed Lids pour la 15e Biennale de Venise. Biennale de Lyon, organisée par le Palais de Tokyo (2019).


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