Lauréate du 9ème Prix Gustave Buchet 2025, Giulia Essyad met en scène et transforme son propre corps à l’aide de la technologie digitale pour interroger les mécanismes de désir et de marchandisation

Cette exposition monographique réunit de nouvelles œuvres du cycle Rose Period pensées au sein d’une installation évoquant l’atmosphère liminale d’un centre commercial abandonné. Dédié à l’internalité et à la représentation des aspects invisibles du corps - douleur, plaisir, émotions, pensées et états de conscience -, ce cycle puise dans les représentations liées à la médecine, aux spiritualités, et à la pornographie, trois champs en relation directe avec l’internalité du corps. S’y ajoute un dialogue avec les langages publicitaires, que l’artiste envisage comme notre principal langage visuel contemporain. Le point de départ est le rose, comme la couleur de l’envers de la peau, de la cervelle vivante et des muqueuses internes.Avec des lightboxes illuminant des fragments publicitaires abandonnés, des autoportraits explorant la complexité de l’identité, et une bande sonore qui résonne comme un jingle dissonant dans des espaces désertés, la vacuité des espaces commerciaux évoque par métaphore la fragmentation de la psyché. Dans cet univers protéiforme qui convoque à la fois des références aux légendes médiévales, à la pop culture et à l’esthétique cyborg, l’artiste crée des avatars d’elle-même, métamorphosés en support marketing, digne des publicités les plus surproduites. En affirmant une ultra-sensualité et en surdéterminant les codes de l’extrême féminité, Giulia Essyad invite à la déconstruction critique de la représentation de soi et du corps contemporain, enfin libéré des codes de la beauté classique et des normes imposées.Giulia Essyad est née en 1992 à Lausanne. Elle vit et travaille à Genève.